Planète ou Plastique ? Il est temps de choisir !

Le plastique possède des propriétés séduisantes : bon marché, léger, étanche, peu cassant et difficilement altérable. Mais c’est justement sa capacité de non-dégradation qui le rend si nuisible pour notre environnement. Les entreprises ont un rôle essentiel à jouer pour changer les choses.    

L’envahisseur plastique

Il est partout : sur notre peau, dans notre poche, dans nos objets du quotidien, dans le sang de nos enfants, dans l’air que nous respirons et l’eau que nous buvons, dans nos champs, nos rivières et nos océans. Il s’accumule dans l’environnement à un rythme effréné. Selon les dernières estimations, il y a 150 millions de tonnes de déchet plastique dans les océans[1],  qui s’agrègent en un continent plastique d’une surface équivalente à 6x la France ! Sans changements structurels, la quantité de plastique dépassera celle des poissons dans les océans d’ici 2050[2].  L’extrême majorité du plastique dispersé aux quatre vents est à usage unique[3]. Si nous ne faisons rien face à cette croissance de production et d’utilisation, le secteur du plastique représentera 15% du budget carbone mondial[4].

Stop ou encore ?

Avons-nous réellement besoin d’emballer nos sandwichs et nos boissons dans des contenants répondant aux doux noms chimiques de PET ou HDPE ? Voulons-nous qu’on se souvienne du 21ème siècle comme celui de la “civilisation plastique”, celle qui déposa une couche de polymère sur l’entièreté de la surface du globe et qui asphyxia littéralement la vie marine ? Comment justifier que des entreprises polluantes et irresponsables soient considérées équivalentes sur le plan fiscal, juridique, éthique, à celles qui contribuent à la régénération des ressources naturelles ?

Il est temps d’agir et des solutions existent. Le plastique n’existe que depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Nous pouvons réapprendre à nous en passer.

Les chef-fe-s d’entreprises ne sont pas fermé.e.s à de nouvelles contraintes environnementales : dès lors, fixons-leurs des limites ! Celles-ci doivent être imposées rapidement à l’ensemble d’un secteur, ce qui nécessite du courage, une réelle ambition et un engagement des décideurs politiques européens qui applaudissent les discours de Greta Thunberg. L’Union européenne a fixé l’objectif de faire passer le taux de recyclage des emballages en plastique de 50% en 2025 à 55% en 2030.  Est-ce vraiment ambitieux face à de tels enjeux ? 

Economie zéro plastique

Le mouvement zéro déchet est en pleine croissance en Belgique, les commerces de vrac se multiplient. En 2015, il n’y avait qu’une dizaine de commerces en vrac en Belgique ; aujourd’hui, on en compte plus d’une centaine, comme le Marché bio des Tanneurs, Roots Store, The Barn, BEES Coop, SuperMonkey, färm, Day-By-Day… Le mouvement rattrape les grandes enseignes qui vont devoir rapidement se positionner. Le rejet du plastique se renforce, autant du côté des organisations que des citoyen.ne.s, notamment avec l’association Zéro Waste Belgium, l’action militante Plastic Attacks, ou encore les communes « Zéro Plastique ».

En outre, des solutions sont déployées (notamment à Bruxelles) pour accompagner les professionnels dans le processus.  Les contenants alimentaires en verre et en inox sont adoptés par les commerçant.e.s et les professionnel.le.s de l’Horeca qui intègrent la transition écologique au cœur de leur modèle économique. La qualité écologique et durable à l’usage pousse les acteurs de l’emballage à se tourner vers ces matériaux longuement réutilisables et recyclables à l’infini. Pour réduire les déchets tout au long de la chaîne d’approvisionnement, un dialogue continu avec les fournisseurs est indispensable. Il est aujourd’hui techniquement possible d’utiliser et d’éco-concevoir des objets et emballages pour qu’ils puissent être réutilisés, réparés, triés et aisément recyclés.

Nous saluons l’ambition annoncée dans la Déclaration de politique régionale wallonne de sortir de la production de plastique à 2030 ; mais avec quel budget ? Et sous la compétence de quel(s) ministre(s) : l’économie et/ou l’environnement ? Alors que le Gouvernement précédent avait validé 6 avant-projets de recyclage de plastique pour un volume de 156.000 tonnes, nous plaidons pour une interdiction pure et simple de l’entrée de plastiques non-recyclables sur notre territoire.

Les pratiques zéro déchet doivent s’étendre au plus vite à la société tout entière pour faire face aux défis climatiques et environnementaux. Il s’agit d’adapter les solutions de transport et d’emballage, et susciter une adaptation des pratiques de consommation des citoyen.ne.s, des administrations publiques et du secteur agro-alimentaire.

Face à la quantité d’objets en plastique qui nous entoure, il est temps de questionner leur nécessité et leur utilisation. Producteurs et consommateurs contribueront ainsi au développement d’une économie zéro plastique.

Par Mathieu Depoorter, Eveline Lambertz, Emmanuel Mossay, Arnaud Vanderbeck et Magali Ronsmans. Experts du bureau de conseil en développement durable EcoRes, membre de la Coalition Kaya.

 

[1] The New Plastics Economy – Rethinking the Future of Plastics, Ellen MacArthur Foundation, 2016.

[2] The New Plastics Economy – Rethinking the Future of Plastics, Ellen MacArthur Foundation, 2016.

[3] https://www.lexpress.fr/actualite/sciences/les-emballages-sont-l-essentiel-de-la-pollution-plastique_2063652.html

[4] https://www.ellenmacarthurfoundation.org/assets/downloads/publications/NPEC-Hybrid_French_22-11-17_Digital.pdf, p. 25